Entracte

Je fouillais mon sac dans l’espoir d’y dénicher une clope et je tombai sur un billet de 10 €. Ma première idée fut de descendre vite fait m’acheter un paquet de Winston Light, mais je me ravisai. Un petit cinoche d’aprèm arriverait peut-être à me changer les idées. J’attrapai mon pull et filai, sans même verrouiller. « Qu’ils prennent ce qu’ils veulent, au point où j’en suis » me dis-je dans un long soupir. Qu’est-ce qu’une jolie fille comme moi faisait à meubler le vide d’une salle de ciné ? La réponse serait pour une autre fois, car un homme venait tout juste de passer les portes de cette immense salle silencieuse. Il prit place devant moi et en quelques secondes, je pu le détailler : joli, visage plutôt carré, cheveux châtains impecs, frais rasé, des lèvres intéressantes, d’intrigants yeux marrons, des épaules bien présentes et un cul des plus sexy. C’était suffisant pour que j’en oublie mes tracas du moment. Alors que s’éteignait les lumières, je glissai ma main sur son épaule :

– Je crois que vous seriez d’autant plus confortable sur ce siège, à mes côtés, lançai-je d’une voix innocente, mais décidée.

– Peut-être bien, me dit-il, en me décrochant un sourire intrigué.

Tout en attrapant ma main, il se leva et m’obligea à faire de même et à le suivre jusqu’au bout des rangées. Il me défia du regard quelques secondes, des secondes qui furent assez longues pour troubler mon intimité. Je n’allais tout de même pas lui laisser avoir le dessus. Je ne fis ni une ni deux et je l’embrassai à pleine bouche. Il résista, jusqu’à ce que je soulève mon genou gauche pour mieux évaluer la taille de ce qui ferait mon bonheur. À cet instant, ses mains, qui tantôt me tenaient à distance, me saisirent et me firent une longue description de ses désirs soudains. Ayant suffisamment tâté mes seins, il glissa une main entre mes cuisses alors que l’autre s’occupait à déboutonner mon jeans. Enfin dénudée, j’eus la chance de redécouvrir ce tissu qui recouvrait ces sièges destinés aux cinéphiles. Je ne sais si les nombreuses têtes qui s’étaient posées sur ce dossier avaient laissé vestiges de leurs tracas, mais cette toile de bure me le laissait croire. Je cessai toute réflexion lorsqu’il m’empala. Cette force avec laquelle il me prit me fit perdre la tête et l’esprit. Ces va-et-vient, donnant la cadence à mes hanches, révélaient une fougue chevaline longtemps refoulée. Stupeur et tremblements. De concert, nos corps suivaient une cadence endiablée. La trame sonore du film se voyait étouffée par nos soupirs et nos rires. Excités comme deux gamins ayant volé un chewing gum au supermarché, toute position était bonne pour étaler notre plaisir. C’est en me prenant par derrière, faisant buter ses couilles contre mes fesses, qu’il me fit avouer ma reconnaissance. Fier, il déposa un baiser sur mon oreille droite et se retira. Une fois revêtus, nous nous dirigeâmes vers la sortie.

– Hé, vous n’êtes pas au théâtre ici, il n’y a pas d’entracte ! nous lança d’un ton de réprimande le vieux guichetier.

– Qui vous parle d’entracte ? Nous n’en sommes qu’à la première pratique mon bon monsieur, lançai-je désinvolte.

Laure

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